La journée internationale de la femme et sous toutes ses formes d’appellation a été reconnue et officialisée depuis 1977 par les Nations Unies. Cette journée regorge pour plusieurs de diverses représentations, d’émotions et de revendications. On souhaite aujourd’hui souligner les réussites autant médiatisées, que celles dissipées dans le temps, mais tout aussi décisives dans notre quotidien. L’obtention de la parité est un objectif atteint à divers degrés selon chaque réalité d’une personne. Les revendications sont teintées d’une cultures et de la classe sociale vécues par un individu. Depuis quelques années, l’entreprenariat féminin gagne en popularité et des supports financiers sont offerts pour encourager les femmes à aller au bout de leur projet. Nous avons donc rencontré 5 personnes d’influence, qui nous inspirent et qui carburent à l’idée d’apporter un changement dans notre société.

E-commerce : Mélanie Heyberger, Coffret de Rachel

L’industrie des bas collants est pour certains bien méconnue et sous-estimée pour l’importance technique et la durabilité de sa matière. Mélanie Heyberger, co-fondatrice du Coffret de Rachel démarre cette entreprise aux côtés de Carolyne Parent et Alyeska Guillaud, sans bagage en commerce électronique, afin de revaloriser cette industrie auprès des femmes. Elles se soucient également de l’aspect environnemental de la commercialisation de produits et du cycle de vie du nylon. Suite à quelques recherches empiriques, elles réussissent à développer un partenariat avec un centre de recherche dans le but de trouver une deuxième utilité à sa matière.

Mélanie Heyberger souligne que de se lancer dans un milieu inconnu a permis encore davantage de créer une grande union entre chaque partenaire du projet, tout en leur permettant de trouver leur place avec leur parcours particulier et leurs expertises. Malgré le fait qu’elles ne connaissent aucun fournisseur dans le milieu, elles réussissent à faire déployer tranquillement leur réseau. Le modèle d’affaires est basé sur la proximité avec la communauté. L’entreprise réussit à créer un design exclusif et adapté aux demandes de leur audience. La marque est humanisée grâce à son nom pour offrir un sentiment de proximité avec la cliente. Rachel devient la meilleure référence et conseillère pour la cliente. Mélanie Heyberger affirme que le Québec offre plusieurs opportunités aux femmes entrepreneures et qu’il faut seulement oser et se lancer. Ce qui la motive c’est de « voir les résultats, tisser des liens au sein de notre équipe. On ne veut pas devenir gros, mais plutôt rester une toute petite équipe pour garder notre dynamique. Après ce serait de voir les commentaires, l’engagement de notre communauté.»

Le domaine du commerce électronique est un milieu très imprévisible, mais à la fois accessible pour toute start-up qui souhaite tester son produit. Elle conclut en insistant de se renseigner en profondeur sur sa clientèle cible avant de débuter tout projet. « Les sondages et les focus groupes sont des outils qu’il ne faut pas négliger», dit-elle.

Mode : Viviane Lachapelle, Lachapelle atelier

L’acceptation de soi, la confiance et l’inclusion sont depuis toujours des valeurs primées dans la vie de la jeune entrepreneure. Adepte de la mode, des couleurs, des multiples textiles, elle rêve du jour où les multinationales prendront en considération un plus grand échantillon de modèles de corps.

C’est à l’âge de 26 ans qu’elle décide de ne plus espérer à ce que la société réponde à ses attentes. Elle développe sa propre marque inclusive et destinée aux femmes reconnues comme «plus-size». La marque voit plus grand que de simples chiffres pour représenter la complexité d’un corps. Des illustrations sont imprimées sur les étiquettes pour briser les conventions et se référer plutôt à ces icônes pour mieux comprendre le modèle qui lui convient. L’entièreté de la conception d’une pièce est faite selon des principes d’éthique, de communauté locale et de durabilité.

Viviane Lachapelle se considère choyée par sa force et sa détermination, en tant que femme de carrière. Remettre en question les pratiques de la mode déjà bien instaurées, devient un moteur à sa motivation. Elle souhaite à toute entrepreneure d’apprendre à convaincre et ne pas se laisser convaincre d’abandonner. Son instinct a été son meilleur guide tout au long de son parcours et elle continue à chaque jour d’en apprendre plus sur le développement d’affaires.

Elle suit un chemin non-conformiste et se démarque par l’acquisition de ses notions hétérogènes. Elle mène ce projet avec passion et souhaite inspirer les jeunes à ne pas se laisser abattre par les moules pré-définis. Lachapelle atelier est pour elle beaucoup plus que des morceaux de vêtements, c’est un mouvement inclusif, une plateforme de rassemblement, une playlist chaleureuse et un vent de fraîcheur.


Technologie : Amira Boutouchent, Bridgr

Amira Boutouchent a su faire sa place au sein d’une industrie bien traditionnelle pour y établir son entreprise. En tant qu’ingénieure informatique, elle souhaite « aider au développement économique dans le secteur industriel, tout en restant compétitif, en poussant l’innovation locale et offrir un meilleur accès aux meilleures technologies.»

Elle confirme avoir fait face à maintes reprises à des barrières en tant que femme d’affaires, mais elle croit fermement que ce sont ces hauts et ces bas qui font la personne qu’elle est aujourd’hui. Il n’y a eu aucun doute lorsqu’il est venu le temps de choisir sa ville pour établir son entreprise. Montréal était pour elle, une ville qui offre de grandes opportunités technologiques, même si elle devrait partir à zéro pour y bâtir son réseau. Bridgr est donc mis sur pied, par elle-même et son associé Mehdi Drissi. Cet outil est destiné aux entreprises qui souhaitent former un pont avec leurs fournisseurs technologiques, en facilitant le transfert numérique. En tant que femme en technologie, elle prend son rôle à coeur et devient ambassadrice de femme en Tech à la chambre des commerces Ubisoft pour 2019. Elle est appelée à devenir un modèle pour inspirer d’autres jeunes à se lancer dans ce milieu. Être résiliente et accepter les erreurs, devient sa devise lors de son déploiement. Sa vision pour les prochaines années se pose sur l’industrie 4.0 qui lui permettra de prédire les prochains mouvements et outiller les directeurs et directrices à devenir prévoyants. 

Jeu vidéo : Marianne Burkic, Yapouni

L’hospitalisation des enfants âgés entre 5 à 8 ans représente plus de 155 000 cas au Québec. Tout au long de son parcours d’étudiante, elle s’implique bénévolement à des activités au sein de centre hospitalier en France, puis au CHU Sainte-Justine. Marianne Burkic observe un besoin d’accompagnement et d’éducation pour la préparation à l’hospitalisation des enfants, autant du côté des parents que chez le jeune patient. Faute de ressources ou par crainte de trop brusquer l’enfant avant qu’il soit hospitalisé, il est rare qu’une préparation émotionnelle soit faite. Yapouni s’est ainsi donné pour mission d’accompagner les familles dans le processus de soins en gamifiant leur expérience.

Riche de sa formation en droit et en commerce, elle peaufine son parcours dans les coproductions internationales de films pour jeunes. Dans le cadre du Hackathon sur la santé, elle lance l’idée «Yapouni» et 4 développeurs embarquent dans son projet. Elle initiera plus tard l’entreprise sous l’incubateur HEC Montréal.

Yapouni développe des jeux éducatifs, mobiles ou physiques, en collaboration avec le milieu de la santé, afin répondre à des enjeux de pédiatrie (prévention, l’observance ou éducation thérapeutique des familles). 

Yapouni prend entre autre la forme d’un jeu éducatif qui permet à l’enfant de se projeter sur un personnage semblable à lui, qui subit les mêmes difficultés. Il peut le soigner à son tour, pour en apprendre davantage sur sa condition.

Cette entrepreneure souhaite ainsi jumeler l’expertise des jeux de divertissement, tout en améliorant une cause sociale. Elle souligne que «[Le projet] appartient au milieu de la santé, à l’industrie créative et à la technologie en même temps, ajoute-t-elle. On doit mélanger des gens de domaines complètement différents et donc qui ne se parlent jamais. Un beau défi créatif !»

Innovation durable : Marie-Pierre Bérubé, Kliin

Il faut 2 arbres et 2 000 gallons d’eau propre pour pour produire assez de produits sanitaires en papier en un an, pour une famille de 4 personnes. Les pays Nord-Américains, selon l’Agence de protection environnementale en 2015, génèrent plus de 7.4 milliards annuellement, en déchets de papiers domestiques.

Marie-Pierre Bérubé ne peut s’empêcher de lancer sa propre entreprise d’essuie-tout compostable, lorsqu’elle réalise tous les bénéfices environnementaux de cet objet. À sa période d’amorçage, ce marché est encore très peu exploité au Canada, alors qu’il est pratiqué depuis 1950 en Europe. Les valeurs d’une marque durable et éco-responsable l’a toujours interpellée. Elle débute sa carrière dans la vente mais elle a toujours su qu’un jour, elle lancerait son propre projet qui lui tient réellement à coeur.

Marie-Pierre Bérubé évoque qu’elle cherche à partager au travers de sa mission, qu’il faut réussir à rester intègre, lorsqu’on a pour objectif d’amener un changement : «Nous essayons tous de s’améliorer et c’est correct de ne pas être parfait. Ce sont avec les petits gestes de notre quotidien que nous réussissons à créer un réel impact positif à long terme.»

En cette journée internationale des femmes, elle souhaite à toute entrepreneure de ne pas hésiter à se lancer même si son plan d’affaires n’est pas parfait. «Il faut se faire confiance, même si on apprend par soi-même», affirme-t-elle.

L’un de ses plus grands obstacles, est le développement technologique très restreint au Québec. Elle aimerait avoir plus d’opportunités pour tester de nouveaux produits. Elle lance récemment une pâte à vaisselle, mais décide de débuter avec une fabrication étrangère. Selon elle, la crédibilité des petites entreprises est trop souvent remise en question, pour des projets de grandes envergures.

Elle vise pour le futur de son entreprise que ses produits deviennent une commodité et qu’on puisse passer à une autre étape dans l’évolution de nos pratiques écologiques. La mentalité du Nord-Américain moyen est encore trop conventionnelle à ses yeux. Elle se voit développer une gamme de produits plus diversifiée et accorder plus de temps en recherche et développement.


Nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer ces femmes déterminées, passionnées et créatives. Si le temps nous l’avait permis, nous aurions sondé une plus grande proportion d’entrepreneures pour optimiser notre représentativité. Cet article a pour objectif de faire découvrir quelques initiatives innovatrices et d’inspirer à ne pas avoir peur de vouloir de concrétiser ses idées. Que ce soit pour la journée internationale des femmes, son mois ou son année, il faut se rappeler à chacune l’importance de ne pas abandonner. Les idées, les échecs, les questionnements tracent l’ébauche de toute réussite.

 

Charlotte Centeno

Coordonnatrice - Lead sustainable marketing